Chronique
Nous, on veut de la vie, par François Bégaudeau
LE MONDE | 12.05.08 | 13h45
Richard Gasquet ne gagnera pas l'Euro de juin, ni la coupe de la Ligue 2009, ni même le tournoi de sixte de La Chapelle-Saint-Mauges, le dimanche 25 mai, inscription 5 euros par joueur. A cela trois raisons. Gasquet ne figure pas dans la liste des 40 que Domenech pourrait appeler en sélection ; il ne sait pas où se trouve La Chapelle-Saint-Mauges ; il est tennisman professionnel. Ce type n'a donc rien à faire dans une chronique foot qui pourtant s'en va de ce pas lui rendre hommage.
Selon une enquête récente, à la question "Accepterez-vous le recours à des produits dopants s'ils vous garantissent la victoire et une mort prématurée ?", l'écrasante majorité des jeunes sportifs interrogés répond oui sans hésiter. Réaction numéro 1 : normal, insouciance juvénile, un cancer à 50 ans paraît tellement plus lointain que les compétitions de la décennie à venir. Réaction numéro 2 : c'est tellement beau, tellement noble, tellement Grèce antique, plutôt une existence héroïque et courte que longue et morne. Réaction numéro 3 : mais au fait est-ce qu'elle est si héroïque cette existence ?
Un trophée, fût-il mondial, vaut-il vingt ans d'hygiène draconienne, d'austère diététique, de footings dans l'aube glaciale, vingt ans à imposer au corps des torsions et contorsions qui le rendent statutairement douloureux - le subtil Vikash Dhorasoo raconte qu'il lui arrivait de consulter le médecin du club parce qu'il n'avait mal nulle part. Et surtout, impardonnable crime de lèse-vie : vingt ans sans adolescence. Pour tous les contemporains, l'adolescence se prolonge indéfiniment, pour les sportifs c'est le contraire. Repérés au berceau, recrutés avant leur premier concert rock, titularisés en équipe A avant d'être invités à leur première boum. Puis mariés tôt, pères à 23 ans, plus casanier tu meurs, et parfois, entre deux sessions de PlayStation, un docu-fiction sur la Grèce antique sur France 3. Mourir à 50 ans pour ça ?
Il y a quelques mois, le petit pantin savant Gasquet s'est réveillé en plein cauchemar mécanique, s'est animé, s'est dit : c'est quoi cette vie, là ? Soudain envie de penser à sa gueule, d'envoyer des Texto perso pendant les matches de ses compagnons de Coupe Davis, de sortir avec des filles ou des garçons comme son génie précoce lui a interdit de le faire en temps et en heure.
Confrontés à cette héroïque crise (d'adolescence), les journalistes de la conférence de presse de lundi dernier suggèrent un changement d'entraîneur. Gasquet a un sourire amer : "Mon salut ne passera pas par là." Ce qui veut dire : sortez un peu, les gars, y'a pas que le sport, y'a aussi la vie, la vie vous voyez ou pas ?
On préfère un Gasquet lamentablement éliminé au tournoi de Rome et enfin vivant qu'une machine à gagner des matches et à perdre la vie. On se réjouit qu'un Ronaldhino ne renonce pas aux discothèques au nom de sa carrière, quitte à la foutre en l'air. On aime un Cristiano Ronaldo génial dans la lumière diurne d'Old Trafford, puis hilare au milieu de filles en string quand vient la nuit.
François Bégaudeau est écrivain.
ronadhino il a été le plus doué il a tout gagné
alors après qu'il se lâche...
la vie d'un sportif professionnelle
c'est vrai qu'il y a les voyages incessants
je comprends qu'ils préfèrent être chez leurs parents
y a un effort physique à fournir quotidiennement
Mais bon faut pas pousser non plus
c'est pas la chine
quand à la période bénie de l'adolescence
dans le tennis, ils se retrouvent entre jeunes
c'est sur qu'ils ont plus de responsabilités
se la jouer rebelle, ca peut pas le faire longtemps
mais il y a ceux qui commencent a travailllér à 18 ans et se retrouve dans un bureau de "vieux"
faut pas croire que tout les jeunes peuvent faire leurs crises d'adolescences
donc je mettrais un bémol à cet article
maintenant qu'un sportif "claque la porte de temps en temps", s'éclate
ca me gène pas
Safin le fait mais il a deux grands chelems à son actif
Un joueur gavé de titres, on peut comprendre qu'il lâche prise et décide d'en profiter.
Mais qu'un joueur dont la meilleur perf est une 1/2 à Wimbledon n'ait plus faim, c'est plus discutable.
Un joueur gavé de titres, on peut comprendre qu'il lâche prise et décide d'en profiter.
Mais qu'un joueur dont la meilleur perf est une 1/2 à Wimbledon n'ait plus faim, c'est plus discutable.
Ca y est, chassez le naturel, il revient au galop! Cette fermeture de forum n'a pas réussi à calmer tes esprits Coquelicot!
Il n'est pas question d'avoir tout gagné mais que je sache on nous rebat sans arrêt les oreilles avec le fait que Richard était toujours trois ans en avance sur sa classe d'âge quand il jouait au tennis plus jeune, depuis 6 ans il est dans les compétitions. Bon certes, il n'a pas tout remporter chez les pros, mais question tennis, c'est un peu un vieux de la vieille Richard! Donc il a le droit de vouloir voir autre chose, ou d'être un peu lassé parce qu'il fait, de ne plus savoir où il en est! Car il n'y a pas que des bouffeurs d'homme surmusclés comme Nadal , que des gens comme Federer à qui ça a pris certaines conditions pour arriver numéro 1 mondial, et que des exhubérants comme Djokovic sur le circuit! Donc il faut arrêter sans arrêt de le cataloguer en disant il n'est pas comme machin!
Et puis, OK, tout le monde est frustré, il y aura peut-être encore des défaites après, il décidera peut-être d'arrêter sa carrière ensuite et voila! en tant que fan, ca ne sert a rien de ressasser sa rancoeur! En ce moment on ne peut que, à défaut de compatir, au moins respecter son mal-être, et attendre de meilleurs jours! ÊTRE PATIENT!
Personnellement je ne crois pas que cela soit un électrochoc qu'il faille à Richard, parce qu'en avoir pris dans la gueule, ca fait belle lurette qu'il en prend, ca ne doit pas être très agréable quand vous êtes ado de vous voir afficher comme un petit bras, une feignasse ou un raté dans les journaux. Donc il faut lui laisser le temps, lui foutre la paix, le laisser prendre du recul par rapport à lui-même, et ARRÊTER DE DÉBLATÉRER SUR SON DOS À LONGUEUR DE TOPIC! En plus, tes dernières remarques n'ont rien de constructif Coquelicot, que ce soit en terme d'apport d'information, d'analyse du jeu ou de pronostic, c'est juste de la pollution de forum!
Inscrit le: Nov 15, 2007 Messages: 141 Localisation: bordeaux
Posté le: 13.05.2008, 00:03:33 Sujet du message:
Coquelicot, sans vouloir être méchante, pourquoi tu ne soutiens pas un autre joueur qui correspond à tes attentes en terme de caractère et de personnalité si Richard t'énerve à ce point? A chaque fois que je te lis , tu es négatif vis à vis de Richard. C'est assez pénible. A se demander ce que tu peux bien lui trouver pour venir sur ce forum..
quand à la période bénie de l'adolescence
dans le tennis, ils se retrouvent entre jeunes
c'est sur qu'ils ont plus de responsabilités
se la jouer rebelle, ca peut pas le faire longtemps
Justement il semblerait que le problème soit bien là ... à 14 ans ds le milieu professionnel, tu peux ns expliquer ce que tu en fais de l'adolescence ?
Coquelicot, sans vouloir être méchante, pourquoi tu ne soutiens pas un autre joueur qui correspond à tes attentes en terme de caractère et de personnalité si Richard t'énerve à ce point? A chaque fois que je te lis , tu es négatif vis à vis de Richard. C'est assez pénible. A se demander ce que tu peux bien lui trouver pour venir sur ce forum..
J'ai trop d'admiration pour le talent de Richard pour accepter qu'il le gâche.
Il y a trop de supporters de Richard qui nous expliquent : "Qu'il gagne ou qu'il perde, c'est la même chose, on l'aime quand même".
Moi je pense que la Providence lui a donné un talent incroyable et le voir régresser comme il le fait depuis plusieurs mois ça me gêne. J'aimerais qu'il mette toutes les chances de son côté pour devenir le vrai champion qu'il devrait être. Et mon sentiment c'est que les gens qui sont autour de lui le confortent dans ses erreurs.
Vous êtes dans le mirage de croire que Richard est jeune, mais ce n'est plus le cas. Une carrière passe très vite. Une nouvelle génération est en train d'émerger et Richard est imperceptiblement en train de se faire distancer.
Contrairement à beaucoup d'entre vous, j'ai un âge qui me permet d'avoir connu beaucoup de talents gâchés. Les carrières sont de plus en plus rapides. Dans 3 ans Richard fera déjà partie des anciens du circuit, il aura déjà 8 ans de circuit pro derrière lui. C'est aujourd'hui que Richard doit gagner ce qu'il doit gagner, pas demain.
J'ai trop d'admiration pour le talent de Richard pour accepter qu'il le gâche.
[...]
le vrai champion qu'il devrait être.
Ouais, sauf que ça, c'est que tu veux. Il manque un petit quelque chose, dont parle l'article du monde : la volonté de Richard.
Pourquoi décider à sa place, considérer que sa vie appartient aux fans, ou à l'instance de décision de ce que doivent être les gens (la "Providence") ?
Je ne sais pas, moi, ce que veux Richard. Mais c'est à lui de décider !
Son talent est immense, mais ce n'est pas un mouton-machine à gagner, et ce deuxième aspect le rend d'autant plus sympathique à mes yeux. Personne n'a le droit de lui dicter sa conduite. Des erreurs, qu'il en fasse pourvu que ce soient les siennes. C'est certain que ça provoque de la frustration, avec les nombreuses défaites contre "moins fort" que lui... Je pense qu'il y a mieux pour le soutenir que d'en remettre une couche dans le genre "tu dois, tu dois, tu dois"... Non, comme le dit Bégaudeau : Nous, on veut de la vie
Allez, ça mange pas de pain, contre le cynisme compétitif :
"J'avais envie de venir aussi
Mais voyez-vous ça va trop vite
N'allez pas si vite
[...]
Et pour un jour de gloire
Il n'y a pas de place pour le doute
En cas d'échec ou de déroute
on pourra toujours s'adresser aussi aux cieux
Nous on veut de la vie
Longtemps longtemps longtemps"
Vous êtes en train de me dire que Richard n'a pas d'ambition. Moi je croyais qu'il voulais gagner des grands chelems, devenir n°1 mondial, gagner la coupe Davis... C'est ce que lui même dit dans toutes ses interviews : donc il ne s'agit pas de MES ambitions pour Richard mais des siennes qu'il revendique... A moins alors qu'il n'affiche ses ambitions uniquement pour faire plaisir à son entourage.
Je ne savais pas que le seul but de Richard c'est de jouer au tennis, de bien gagner sa vie, d'être dans les 30 meilleurs joueurs mondiaux et basta.
Rafael Nadal et Richard Gasquet ont perdu dès leur entrée en lice à Rome. Deux grosses contre-performances pour deux attitudes différentes, qui opposent de plus en plus les deux joueurs les plus talentueux de leur génération.
Rafael Nadal et Richard Gasquet sont deux joueurs de classe à part. Mais si le premier traverse le monde en première, malgré son "corps malade", le second se dirige dangereusement vers le wagon de seconde, se plaignant de petits bobos à répétition. Et leur façon de s'incliner dès leur entrée en lice à Rome n'a fait qu'accentuer la marge qui sépare ces deux joueurs au niveau mental. Si l'Espagnol a baissé pavillon en raison de pieds usés par des ampoules et le gain de ses quatrièmes titres à Monte-Carlo et Barcelone, le second s'est complètement éteint, atteint d'une "nullité extrême".
Lancé depuis trois semaines dans son marathon sur terre battue, le N.2 mondial a subi sa quatrième défaite depuis trois ans et demi sur sa surface fétiche face à un Juan Carlos Ferrero, ex-N.1 mondial mais encore étincelant. Le Français, à la 9e place du classement ATP, multiplie les non-matches depuis le début de la saison, faute d'un mental à toute épreuve. A Rome, Luis Horna, 111e mondial, a succédé à Sam Querrey, 50e mondial à Monte-Carlo, en tant que bourreau du Français. Gasquet n'a enchaîné deux victoires sur un tournoi que deux fois cette saison : à l'Open d'Australie et à Indian Wells. Depuis ce premier Masters Series de 2008 en Californie, Richard compile cinq revers pour une victoire, Coupe Davis comprise, et n'a battu aucun top 20 cette année.
La volonté de fer contre la volonté de terre
La Coupe Davis justement. Depuis les quarts de cette compétition jouée au Etats-Unis, le protégé d'Eric Deblicker joue à se cacher. Refusant de jouer face à Andy Roddick et James Blake pour un problème d'ampoule à la main, le Français s'est même plaint de Guy Forget d'avoir étalé la vérité sans le préserver. En salle de conférence de presse à Rome, Richard Gasquet endosse son rôle de martyr, en lieu et place de celui de favori, et tend même le bâton pour se faire battre. "C'est mon pire match de l'année, j'étais perdu. Après la perte du premier set, j'ai perdu ma confiance, j'ai eu un gros sentiment de panique, ça a été le vide intégral, plus rien ne s'est passé dans ma tête." A l'image de sa défaite une semaine plus tôt à Monte-Carlo, le N.1 tricolore ne sait plus quoi dire pour expliquer ces performances médiocres.
De son côté, le triple tenant de Roland-Garros met le pied dans le plat. "La semaine dernière, quand je me plaignais du calendrier à Barcelone, on me disait que j'avais pourtant réussi à très bien jouer. J'avais répondu qu'il verraient que c'était impossible de tenir. Maintenant, ils voient." La surcharge de compétition et des pieds meurtris par l'effort ont conduit le Majorquin à tirer un trait sur un quatrième titre de suite à Rome. "Quand je me suis réveillé le matin du match, je me suis dit que c'était impossible de jouer. Mais les médecins m'ont mis une protection spéciale sur le pied et m'ont passé une crème anti-douleur. J'ai réussi à tenir ma place, mais ça n'a pas suffi" .
"Pas plus con qu'un autre"
Un mal pour un bien : si la perte de son titre romain va lui faire perdre des points ATP, la défaite de Nadal d'entrée de tournoi lui permettra de se soigner avant d'enchaîner Hambourg, puis Roland-Garros. Une vérité qui ne s'accorde pas avec celle de Gasquet. "Il faut que je joue, que je gagne, que je prenne du plaisir", insiste le Français. J'avais très envie de venir, envie de jouer. Mais, une fois sur le court, c'est la panique totale. Je ne suis pas plus con qu'un autre, je vois bien ce qu'il faut faire, mais cela ne suit pas... Je ne pouvais pas faire pire. Je suis d'une nullité extrême. C'est terrible."
Au-délà du contraste saisissant avec son homologue ibérique, l'attitude de Richard Gasquet laisse de plus en plus perplexe, une friabilité qui se vérifie de saison en saison. Comme ce fut déjà le cas au 3e tour de Paris-Bercy 2006 lorsqu'un problème à la cuisse le priva d'un match face à Marat Safin. Ou au 2e tour de l'US Open 2007, lorsqu'une angine l'obligea à déclarer forfait quelques minutes avant de rentrer en jeu face au modeste Donald Young. A deux semaines du début des Internationaux de France, c'est à se demander s'il parviendra à rejouer un jour une demi-finale en Grand Chelem.
En regardant de près la saison 2007, Rome, Hambourg et Roland-Garros avaient déjà été des échéances ratées, avant un Wimbledon de feu. Mais c'était après avoir joué une finale à Estoril, face à Novak Djokovic, et battu Ivan Ljubicic, alors N.8 mondial, à Monte-Carlo. Nadal, lui, enchaînait un troisième Roland-Garros au même âge. Alors, Richard, à quand le déclic ?
"Je suis très déçu, car je ne suis jamais parvenu à rentrer dans la partie et j'ai vraiment mal joué"
"Je n'ai pas du tout confiance en moi en ce moment, je ne suis pourtant pas blessé, mais je me sens fatigué"
"La situation est vraiment différente de 2005, je jouais bien à cette époque, je me sentais en confiance et j'avais fait un beau tournoi à Monte-Carlo (demi-finale perdue contre Rafael Nadal, NDLR)"
"Il va falloir que je me repose et que je m'entraîne, mais je ne peux pas dire que je suis confiant avant Roland Garros. Il ne faut jamais dire jamais, je vais de toute façon essayer de donner le meilleur de moi-même"
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