jeremie_m Master Fan
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Posté le: 21.06.2005, 13:17:29 Sujet du message: Interview de Deblicker sur le jeu de Richard |
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source : L'Humanité
Gasquet, technicien des surfaces
Richard Gasquet a remporté la semaine dernière au tournoi du Queen’s ses premiers matchs sur gazon et hier le premier tournoi de sa carrière à Nottingham, comment s’est passé le déclic ?
Éric Deblicker. Richard peut jouer sur toutes les surfaces, herbe, terre battue, ciment. Avec les progrès qu’il a effectués ces derniers mois, il est, à mon avis, aussi bon sur herbe qu’ailleurs. Il ne s’agit pas d’un déclic de surface mais de progrès réguliers, une prise de conscience de ses possibilités et de la confiance accumulée grâce à tous ses matchs gagnés.
Comment avez-vous réussi à le transformer en l’espace de quelques mois ?
Éric Deblicker. C’est beau- coup de travail basé sur la rigueur, mais aussi le plaisir de jouer, de se faire mal et de ne jamais rien lâcher en match comme à l’entraînement. C’est un travail qu’on a mis en place depuis huit mois et qui porte ses fruits. Les victoires se sont enchaînées plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer. À nous de garder les pieds sur terre car il lui reste encore beaucoup de progrès à faire.
Justement, comment vit-il son ascension fulgurante (155e il y a deux mois, 27e la semaine passée juste derrière Sébastien Grosjean), et son statut désormais de numéro un français ?
Éric Deblicker. Très bien, il est resté le même. L’objectif qu’on s’était fixé il y a quelques mois, qui était
d’ê- tre dans les cinquante premiers mondiaux, est rempli. Il n’a pas visé le titre de numéro un français au classement ATP. Son ambition, c’est de s’améliorer.
Que lui manque-t-il en comparaison avec l’Américain Andy Roddick qui est le meilleur du circuit sur gazon ?
Éric Deblicker. Un peu de physique, de puissance, parfos de mobilité. Tout cela est valable aussi sur des surfaces comme la terre battue. Il possède donc encore une grosse marge de progression.
Quelle analyse avez-vous tirée de sa défaite face à
Nadal au troisième tour de
Roland-Garros ?
Éric Deblicker. Richard a manqué de physique, de puissance et un peu de mental en se disant : « J’ai vraiment un mur en face de moi, comment pourrais-je arriver à passer outre ? » Tous ces petits détails ajoutés les uns aux autres l’ont conduit à s’incliner.
Comment expliquez-vous ces différences entre les deux joueurs qui ont pourtant le même âge (dix-neuf ans), même si Nadal a raté son entrée sur gazon ?
Éric Deblicker. Il y a des joueurs qui sont plus mûrs que d’autres, que ce soit sur le plan mental, physique ou tennistique, et Nadal est en avance. Mais tout ça se travaille et dans quelques années il faudra à nouveau
les comparer. Chacun a ses forces, ses qualités. Mais quand on arrivera à maturité, c’est-à-dire à vingt-quatre
ou vingt-cinq ans pour un joueur de tennis, ce sera intéressant de les comparer à nouveau.
Comment faire pour qu’il monte progressivement sur
le plan physique sans se « griller » ?
Éric Deblicker. Il faut être vigilant sur tout : la programmation, le repos, le travail, les séquences physiques. Essayer de travailler en amont sur des préventions de blessures, c’est pourquoi on va demander parfois à un kiné de le suivre. C’est difficile de voyager toutes les semaines et de fournir des efforts. Il faut être extrêmement prudent dans la gestion de l’évolution de sa carrière.
Quelles ambitions nourrissez-vous avec Richard pour Wimbledon (1) ?
Éric Deblicker. Comme à Roland-Garros, je ne lui dis pas : « Il faut que tu sois en quart ou en demi-finale. » Il n’a pas d’objectif sur un tournoi du grand chelem. La seule ambition, c’est de continuer à progresser à chaque tournoi. Pour l’instant, nous n’avons pas encore beaucoup de repères pour les matchs en cinq sets même si on sait qu’il est capable de tenir.
Être au moins en seconde semaine ?
Éric Deblicker. Oui, mais au tennis il n’y a pas de vérité. Vous pouvez perdre au premier tour comme vous retrouvez en demi ou en finale d’un Masters Series...
Richard Gasquet a une palette de jeu très étendue, peut-il l’utiliser sur une surface comme le gazon qui privilégie les échanges brefs ?
Éric Deblicker. On dit souvent que l’herbe nivelle un peu les valeurs, c’est vrai. Sur herbe les points se jouent en trois ou quatre coups, à l’instinct, à celui qui sort le bon coup au bon moment. Il faut être très vigilant avec un temps de réaction très rapide. Il a donc moins de lecture et de possibilités. Il faut qu’il attaque sur la bonne balle sans se précipiter. Il y a des balles avec lesquelles c’est très difficile d’attaquer. Quand elles fusent et font pratiquement un deuxième rebond, vous ne pouvez pas tenter un coup gagnant. Jouer sur herbe, c’est pratiquer la gestion du coup juste. |
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